Un jeune gars, que tout le monde appelle "Brousailles" à cause de ses cheveux toujours en bataille,  ouvrit les portes extérieure et intérieure devant le chariot de Goldérick qui les franchit sans ralentir.
Sylver lui s'arrêta au beau milieu du corridor à hauteur d'un escalier menant à une porte vitrée, entrée proprement dite de l'auberge.
Il le salua et lui lança un sac de toile qui lui décrocha un sourire jusqu'aux oreilles quand il en découvrit le contenu.
Il m'invita à descendre et à entrer par cette porte tout en cédant la place au jeune gars qui mena l'attelage dans la cours intérieure avant de refermer tout.
L'auberge, enfin la partie accessible à tous, était une grande et longue salle au plafond voûté en pierre comme dans les cathédrales en bien moins haut d'où pendaient 4 grands lustres supportant des lampes à huiles pour l'instant éteintes.
De la porte jusqu'au comptoir étaient disposées des tables, majoritairement rondes, au-dessus desquelles on avait posé des chaises et des tabourets, sans doute pour faciliter le nettoyage du sol fait lui de grandes dalles de grès sombres alternées avec d'autres presque blanches.

A droite du comptoir s'ouvrait une pièce aux murs circulaires n'ayant qu'une seules longue table, aménagée dans le rez de chaussée de la tour.
A gauche du comptoir derrière l'escalier qui menait à l'étage, il y avait une double porte donnant sur les cuisines, et dans le renfoncement, une dernière et unique table où pouvaient se réaliser des discussions plus discrètes.

Je suivis Sylver jusqu'aux cuisines où étaient attablés presque tous les autres occupants des lieux.

Devant les fourneaux s'activait le cuisinier cul-de-jatte Gérémy Doe, ex soldat de l'armée de fer réformé suite à sa blessure.
Assises à table il y avait les soeurs jumelles Furezu, Chikara et Yukan'na, chargées du service en salle et, je le l'appris ensuite, du service d'étage (car une salle de restauration réservée aux clients des chambres se trouvait au 1er juste derrière la porte au bout de l'escalier), qui étaient en grande conversation avec le jardinier (et herboriste) kyūseishu FuruiKino.

Manquait plus que Broussailles et l'équipe était au complet, enfin celle des permanents-temporaires comme les appelait Sylver.
(Il m'expliqua que dès qu'un joueur viendrait du dehors et prendrait la place de l'un ou l'autre, ceux là pouvaient disparaître temporairement ou définitivement).
Je déjeunais avec eux, discutant le bout de gras et rassurant du coup Doe quand je lui avouais ne rien y connaître en cuisine, que je ne m'interressais aux pigeons (son dada) autrement qu'avec des petits pois carottes, et contentais grandement kyūseishu (à mes souhaits) en m'interressant à ses plantations en intérieur (sans être faux cul, ça me passionnait vraiment).
Sylver me donna des informations générales sur les lieux et sur le système de chauffage naturel en particulier.
J'appris ainsi qu'une garnison réduite d'une trentaine d'hommes surveillait les lieux et occupait par rotation de 5 hommes des quartiers qui leur étaient réservés, que les familles du coin nous fournissaient une main-d'oeuvre appréciable pendant les périodes creuses pour leur labeur.
Sylver demanda ensuite aux soeurs de me faire la visite, ce qu'elles firent très agréablement jusqu'à ce que leur service commence, elles me conduisirent alors à ma chambre.
Sylver ne tarda pas à venir m'y rejoindre avec des airs de conspirateurs.
Dès qu'il eut refermé la porte derrière lui, non s'en s'être assuré qu'il n'y avait personne dans les environs, il entra immédiatement dans le vif du sujet ...
- Tu te doutes bien qu'avoir une telle place n'est pas sans obligations ni compensations à nous faire ... "
Notre entretien d'embauche proprement dit dura presque 3 heures ....

Vous pensiez que j'avais trouvé la bonne planque hein !?!
La bouffe et la boisson à gogo, les serveuses sous la main, jouer aux cartes ou aux dés tous les soirs, et j'en passe ....
Hé bien non !!! Nada !!! Que dalle !!!
Tous les jours réveil aux aurores, puis, entrainement de maniement des armes en tous genres avec Mister Doe.
Même avec sa jambe de bois, il me met une branlée à chaque reprise que nous faisons avec des épées en bois.
J'ai réussi à gagner son respect au tir à l'arc et au lancer de dagues ainsi qu'au maniement de bâton (mon dos à pourtant souffert les premières fois), mais à l'épée ...
C'est fou ce qu'on oublie vite et la différence qu'il y a entre les compétitions amicales et se retrouver devant un vieux briscard, vicelard à souhaits...
Ici, pas de juges, tous les coups sont permis, et les coups tordus, lui il en connait un tas !
Après une bonne douche et quelques onguents, petit déjeuner servit par lui même, avec au menu le supplément de commentaires vexants face à tous le monde ...
Je haïssais ce sale type de plus en plus, et je me demande si c'est pas ce qu'il veux en fait ...
Ensuite, quelques heures d'études avec le dénommé Gus, magicien de son état qu'avait convoqué Sylver ...
Avec lui, c'était avant tout des heures de géographie et de géo-politique pour finir par quelques séances d'apprentissage de mon pouvoir ...
Oui, parce que j'ai hérité d'un pouvoir : je suis Pass'muraille qu'il a dit le monsieur ...
C'est pour ça que je n'ai pas été occis dès le premier jour ... et qu'il me torture aujourd'hui ...
Bref, j'apprend à traverser les portes (enfin pour l'instant je m'y cogne plus souvent avec panache), à sentir ce qu'il y a dans des cruches, ce qui m'a valu quelques problèmes quand j'ai enfin compris le truc ... la main coincé dedans et en dehors d'un pichet et entre 2 les atomes mêlés à la poterie ... hilarant ! enfin pas pour moi ...
Et l'autre qui avait oublié à l'Institut de magie son bouquin de secours ... Morts de rire qu'ils étaient jusqu'au lendemain ...
Puis repas léger du midi (que du bonheur) et leçon d'équitation ... (mes fesses doivent devenir plates à force!)
Ensuite, Gold vient me faire un cours de sémantique gestuelle, sorte de langage pour sourds muets je pense, puis Sylver prends le relais et me donne des leçon théoriques de pistage et dissimulation (à quand l'escalade !?!)
Enfin arrive le soir, où, pour l'instant on me fout la paix... (de toute façon, je suis plus bon à rien après 20h00)
Mais je dois quand même être présent pour surveiller l'auberge et on m'a assigné un tabouret derrière le comptoir d'où il m'est actuellement interdit de bouger et d'y rien faire ...
"Regarde, surveille, enregistre" qu'il a dit Gold ...
Il n'y a que le vendredi où l'après midi est réservé à kyūseishu que j'aide en m'occupant de ses plantations et qu'il m'apprend quelques ficelles de son métier ainsi que des petites choses à propos de la faune et la flore du coin et d'au delà (plein de sales bêtes quand même)
Doe a demandé aux soldats de me donner une petite leçon (dans quel sens ?) de combat à 2 contre 1, je vais encore souffrir !!!!
...
Dimanche matin :
Si j'ai mis toute la journée à me remettre de leur "petite leçon", on était 3 dans ce cas là ...
Comme prévu, ça a mal commencé pour moi, les 2 gars avaient une bonne expérience de la chose ...
Bras, dos, mollets, ventre, tout y est passé en gros ... Sous les invectives de Doe qui les encourageait et m'engueulait à tout va.
C'est à la 3 ème reprise que je pétais un câble.
Que le boiteux me traite de "gonzesse" ou de "mou du flanc", ça passe, c'est lui le prof, mais que 2 trous du cul me fasse la pareille, là j'ai vu rouge !
C'est fou ce que se mettre en rogne peut aider à remettre en mémoire toute une collection de technique faisant très mal à autrui ...
Je leur sortais le grand jeu, esquives, coups bas, coup de pieds, de genoux et de coudes et terminais par un "tu sais ce qu'elle te dis la gonzesse !" bien appuyé par une botte dans les roubignoles.
Le Gérémy en resta bouche bée tandis que les 3 soudards m'applaudissaient, mais oui, en se gaussant de leurs copains ...
Je les aidais à se relever en m'excusant. L'avenir me dira si je m'étais fait de nouveaux ennemis ...
Le résultat positif immédiat fut que Doe ne me charia pas ce jour là, et me prodigua ses conseils sur tel ou tel point.
Le résultat négatif fut qu'il décida qu'on ne prendrait plus les épées en bois mais des vraies à l'avenir ... Aïe !
Le dimanche après midi, c'était relâche, mais Sylver m'apprit que je passerais la semaine suivante à l'Institut de magie pour mieux contrôler et tester mon "pouvoir".
J'irais avec Gus.
Doe, quand il sut cela vint en rogne attestant que mes progrès en seraient perdus, mais repartit avec le sourire quand il apprit que sur place un certain "Diuke" prendrais le relais ...
Genre de trucs qui sentent pas bon ça ... Qui vivra verra ...

Le voyage jusqu'à l'Institut a été tranquille, Gus est un gars sympathique et instruit mais peut être un peu trop bavard ...
Quand je lui demandais des infos sur le dénommé Diuke, il se ferma et resta silencieux un bon moment.
Il finit par me dire ce qu'il savait par bribes.
Diuke était un défroqué, un ancien de l'Institut de magie qui l'avait quitté pour rejoindre la guilde des aventuriers un certain temps dans le royaume de feu et devenu ensuite contrebandier sans étendard.
Gus avait repris son rythme verbal habituel une fois ses réticences oubliées, j'appris que l'Institut, et bien d'autres organismes et particuliers dont les frères WhiteFire, louaient régulièrement ses services pour certaines opérations que la morale ou les instances officielles réprouvent.
Gus m'avoua aussi qu'il possédait 2 pouvoirs, choses exceptionnelle, l'Intrusion Mentale et l'Invisibilité et qu'en général il ne se déplaçait pas sans une petite troupe de comparses eux aussi doués.
Je compris alors le pourquoi du soudain sourire de Doe ... J'allais en baver à coup sur ...
Partis à cheval tôt le matin, nous sommes arrivés en fin d'après midi à l'Institut, non sans avoir fait une petite pause déjeuner à la croisée des routes, là même où les malandrins avaient attaqué les frères WhiteFire mon premier jour.
Plus aucune trace ne restait de l'échauffourée, même pas une tâche de sang.
L'accueil fut chaleureux et on nous assigna une cellule double dans les étages dont l'unique fenêtre donnait vers l'Est, ce qui n'était pas pour me déplaire.
En attendant l'heure du souper, Gus me fit une visite guidée de l'établissement qui nous amena naturellement jusqu'à la bibliothèque.
Un vieux y faisait office de réceptionniste et nous fit noter nos noms sur un grand livre.
Sa peau était aussi parcheminée que la plupart des grimoires dont il avait la garde.
Gus me désignait les travées innombrables et les types d'ouvrages qui s'y trouvaient comme si il avait lui même classé et lu tout cela, ce qui était effectivement le cas, mais ça je le découvris le soir même quand nous étions retourné dans notre chambrée.
Il s'arrêta enfin face à une série d'étagères si hautes qu'il fallait une échelle pour atteindre les rangées du dessus.
C'était la partie réservée aux pouvoirs que pouvaient posséder les hôtes de Black Hole.
C'est avec un sourire jusqu'aux oreilles qu'il sélectionna un bel ouvrage relié et me le tendit.
"Trucs et astuces du Pass'Muraille, niveau débutant à expert"
J'avais ma lecture pour cette soirée et les 5 jours à venir ...
Nous ressortîmes, non sans avoir enregistré le prêt auprès du vieux gratte papier qui l'examina attentivement avant de me le rendre puis me montra de son doigt crochu la pancarte trônant sur son guichet.
"Les documents empruntés ne peuvent sortir de l'enceinte de l'Institut qu'avec la permission écrite d'un Doyen, en cas contraire, l'infraction sera assimilée à un vol et traitée de la même manière.
Toute détérioration d'un ouvrage sera punie d'un minimum de 10 coups de fouets"
Gloups !
Gus éclata de rire à peine étions nous sortis de là et il me montra le haut de son dos en baissant son habit au bas de son épaule.
Les extrémités de zébrures plus ou moins anciennes y étaient incrustées.
"C'est le jour où j'ai renversé un verre de vin sur un livre de chimie que j'ai le plus souffert, m'avoua t il, 50 coups c'est long à recevoir"
La cloche annonçant le premier service sonnait, et nous fîmes un rapide crochet pour mettre le livre en sécurité dans notre chambre avant de nous précipiter vers la cantine.
Une foule d'une cinquantaine de personnes hétéroclites s'était rangée face à une porte en bois et tous discutaient entre eux sauf six gars vêtus de noir et à l'allure peu engageante.
Un espace respectueux s'était fait naturellement entre eux et les autres.
L'un d'eux, en nous voyant arriver nous désigna d'un mouvement de menton, et c'est 6 paires d'yeux qui nous évaluèrent d'un coup, enfin 5 1/2 car l'un d'eux était borgne, faisant se retourner ceux qui étaient devant nous sous l'insistance de leur regards.
Le dîner se passa sans autre incident, la nourriture était acceptable et abondante.
Pour être totalement honnête, elle n'arrivait pas à la cheville de celle de Doe.
Nous avions terminé et nous étions en pleine discussion avec un collègue de Gus à propos de ma formation quand les 6 qui étaient attablés à l'autre bout de la salle se levèrent et que l'un d'eux vint à nous tandis que les autres sortaient après avoir déposé leurs couverts sur le comptoir prévu à cet effet.
Il s'arrêta face à moi et sans préambule se présenta : "Je suis Diuke, demain matin à 7h00 dans la cours avec tes armes." et il tourna les talons sans rien ajouter d'autre.
Re gloups ! Mon repas eut un mouvement ascendant tout à coup que j'eus du mal à contrôler ... ça promettait d'être chaud ...
Après une petite balade sur les remparts, nous sommes rentrés dans nos appartements et je bouquinais un peu avant de m'endormir.
En lisant, je vis que Gus avait bien fait son boulot, mis à part quelques subtilités, et que j'en était arrivé presque au niveau expert ...
Il faut dire que l'élève est bon (je sais, la tête ou les chevilles qui enflent, c'est pas bon pour la survie, mais s'envoyer des fleurs sois même, ça fait du bien parfois ... non ?)

Gus est un gars vraiment sympa et pas difficile à vivre, mais il a 2 gros défauts la nuit ...
1 - il ronfle, mais ça c'est assez courant
2 - il dort la fenêtre entre-ouverte, et ça, au royaume de glace et à part à l'auberge du phoenix, c'est pas ça du tout ! Dehors ça pèle la nuit, et fenêtre ouverte, dedans aussi même avec un feu de cheminée bien ronflant !
Je me levais donc à 6h00 pétante, à moitié congelé malgré les 5 couvertures sous lesquelles je m'étais réfugié.
Une bonne douche brûlante me remit tout cela en place et à 6h45 j'étais en bas fin prêt.
Diuke, adossé à un mur, m'attendait déjà et je décelais un léger sourire sur le masque froid et inexpressif de son visage barré d'une cicatrice.
"Bien, au moins j'aurais pas à aller te chercher ... Suis moi"
Il m'emmena à l'intérieur, ce qui ne fut pas pour me déplaire vu le froid qui sévissait sur l'esplanade, et me fit entrer dans une grande salle munie d'une grande scène pavée de pierre.
Les cinq autres étaient assis sur les marches d'escalier qui y donnaient accès et se levèrent à notre entrée, sans mot dire.
Suivant Diuke, je montais et il m'ordonna de me mettre au centre du plateau, les autres me faisaient face, alignés.
Diuke se mit à me tourner autours, laissant toujours deux mètres entre nous en silence, et je tournais sur moi même au premier tour puis renonçais au second pour rester face aux autres.
"Sylver m'a demandé de t'apprendre à vivre" commença t il à dire en passant dans mon dos le tour suivant.
"Gérémy m'a dit que tu avais des capacités mais qu'il fallait te pousser pour que tu t'en serves" (merci Gérémy)
"Gus m'a informé sur ton pouvoir que tu commence à bien maîtriser" (Gus ! mais quand ?, à le traître ! il m'a gâché l'effet de surprise !)
Quand il passa encore devant moi, il fit un signe discret aux autres et ceux ci se mirent à tourner autours de moi pour se positionner à intervalles régulier d'un cercle dont j'étais le centre, ça commençait à sentir mauvais pour mes abatis...
Il s'adressa à ses hommes tout à coup:
"Messieurs, pour cette première fois, pas de pouvoir, mais ne retenez pas vos coups, nous avons de quoi le soigner sur place"
Tout en disant cela, il sortit lentement du ring virtuel délimité par ses hommes puis continua à marcher en passant dans leur dos.
"Pas de pouvoirs ..." ça s'adresse à moi aussi ou qu'à eux ?
"Ne retenez pas vos coups ..."
"Hein !!!"
Du coin de l'oeil je le vis faire un signe et le gars en face de moi sortit sa dague, pas son épée heureusement, et se rua sur moi.
J'esquivais de justesse, non pas que je sois surpris par l'attaque, mais surtout par la vitesse de celle ci.
Je dégainais mes propres armes et bloquais la seconde offensive tout en envoyant un coup de coude vers la mâchoire du type.
Je ne rencontrais que le vide, manqué !
Nous fîmes quelques échanges courtois ainsi puis je décidais d'ajouter mes pieds à notre danse.
Le coup porta enfin et mon adversaire glissa sur le cul 2 mètres avant de se relever d'un coup de rein pour revenir au combat, un vrai félin...
Prudent maintenant, il se mit à me tourner autours hors de porté de mes quilles et je le suivais, reprenant mon souffle.
"Tu es trop lent mon gars, et pas assez offensif, tu aurais dû le suivre et l'achever" commenta Diuke en faisant à nouveau un petit signe de la main.
Je perçu juste à temps le bruissement d'étoffe derrière moi et plongeais à droite alors que mon premier adversaire m'attaquait à nouveau de face.
Je roulais et me remettais sur pied dans le même mouvement, et découvrais les 2 gars qui s'étaient télescopés.
Diuke se mit à applaudir en frappant des mains lentement, ce qui me fit chaud au coeur...
"Pas mal, mais tu ne pourras pas le refaire contre eux" dit il en faisant à nouveau un signe.
Les 2 s'étaient relevés, en rogne, un 3ème les avait rejoints portant une épée cette fois, et ils s'avançaient en arc de cercle.
J'étais mal, très mal...
J'avais le choix, rester sur la défensive, mais contre 3 c'était peine perdue, ou passer à l'offensive.
J'optais pour la seconde solution, si je ratais mon coup, ça serait fini plus vite ...
Je reculais de 2 pas, faisant naître un sourire mauvais sur leur faces de pets, puis soudain, plongeais vers eux, roulais à terre et me retrouvais à genoux presque sous les 2 gars aux dagues.
En roulant, j'avais retourné mes dagues pointes repliées sur mes avants bras et, quand je fus en dessous d'eux dans la position du fiancé faisant sa demande, je donnais un coup de poing vers le haut simultanément.
Si mes dagues avaient été dans l'autre sens, elles les auraient transpercés du sternum jusqu'au coeur, mais là, ils se plièrent en 2 sous le coup.
Le gars à l'épée fut aussi surpris qu'eux et ne réagit pas quand je me redressais au milieu de mes victimes et lui assénais un coup dans les côtes.
L'affaire était bouclée, Targ 3 - Ces messieurs 0 !
Diuke, très sport et même souriant, applaudit, et les 2 autres qui n'avaient pas pris part au combat tapaient du pied en cadence pour saluer ma performance.
J'aidais mes adversaires à se relever en m'excusant, et eux me félicitèrent en retours, curieusement ... drôle de pays quand même ...
"Bien, demain, on verra ce que tu feras contre 3 puis 4 ..." dit simplement Diuke avant de partir, suivi par ses hommes ...
Je passais le reste de la journée avec Gus et un autre type qui me firent découvrir les différentes facettes de mon pouvoir, avec Diuke qui observait dans un coin.
Me lâchait donc pas les baskets le gars ...
Le lendemain, combat à 3 puis 4 où je me pris une demi branlée ... Targ 5 - Ces messieurs 2 ... avec une belle estafilades à la joue droite.
Lorsque j'allais à l'infirmerie pour soigner mes bosses, plaies et mes 2 côtes fêlées, Diuke interdit au préposé médecin de faire disparaître cette cicatrice.
"Quand tu te regarderas dans une glace, tu te souviendras de tes erreurs ..." avait il dit.
4 ème jour : 4 contre 1 puis 5, score final de la première manche : Targ 9 - Ces messieurs 3, le dernier m'avait eu en traître alors que je pensais l'avoir éliminé.
La seconde manche me fut désastreuse ... Autorisation d'utiliser les pouvoirs qu'il a dit le chef ...
En moins d'une minute, je me suis retrouvé, soulevé dans les airs, brûlé au 3 ème degré d'un côté, à moitié noyé avec une sorte d'épine de porc épic géant dans la cuisse.
Quand ce qui me tenait en l'air me lâcha, et que je tombais à terre, j'eus juste la vision d'un gars à 6 mètre qui se retrouva juste face à moi d'un coup et m'envoya un coup de poing dans la tronche ...
Je revenais de ma cueillette des pommes une demi heure plus tard, sur un lit de l'infirmerie ...
J'avais été réparé de partout, plus de traces, sauf au niveau de mon amour propre ...
Diuke était là, et il partit dès mon réveil après juste avoir déclaré : "Demain on remet ça, pouvoirs dès le début ... n'oublies pas que tu en as un toi aussi ..."
Le score était toujours en ma faveur, Targ 9 - Ces messieurs 8 , mais pas pour longtemps ...
J'avais une envie furieuse de foutre le camp dès ce soir ...

Diuke à peine sorti, je me levais avec la ferme intention de prendre ma revanche.
Au détours d'un couloir, je trouvais Gus et lui fit part de mon désir et de mes besoins.
Gus me fut alors d'une grande aide sur ce coup là, par amitié d'abord, simplement parce que les gars en noir ne lui plaisaient pas.
Il me trouva un local isolé et des comparses adéquats en un rien de temps.
Même si ils n'étaient pas très forts, ni très jeunes, (il y en avait un qui frôlait la centaine à vue de nez, mais savait parfaitement vous balancer des boules de feu dans la face), ils avaient exactement ce qu'il fallait.
Le reste de la journée se passa à me faire agresser par le feu, l'eau, des objets en tout genres, (il n'y avait pas de porc épic dans la classe), et à échapper à l'emprise de forces invisibles.
Gus avait même prévu le petit plus agréable, de quoi boire et manger ainsi qu'un collègue qui savait nous soigner au besoin.
On ne vit nulle trace de Diuke, preuve que notre conspiration avait été assez efficace.
Au moment où la cloche marquant le 1er service du repas du soir sonnait, Je remerciais mes "camarades de jeu" en leur recommandant une discrétion absolue.
Je passais ensuite le reste de la soirée avec Gus, poursuivant mes recherches sur des indices éventuels d'un quelconque moyen de quitter ce monde.
Il était bien la mi nuit quand nous nous sommes couchés, et curieusement, je n'avais rencontré aucun des hommes de Diuke de la soirée... Mauvais présage ?
Je m'étais levé tôt et j'entrais le premier dans la salle de rencontre et prenais ma place sur la scène.
Je les vis arriver quelques minutes plus tard, rigolant et plaisantant bruyamment à mon propos et à la façon qu'ils prévoyaient de me tondre.
Diuke, qui était en tête, avait toujours son air fermé, mais quand il me vit déjà prêt, un sourire fugace éclaira son visage et apostropha ses hommes :
"- Si j'étais vous, je me méfierais", leur dit il en me désignant, "Ce gars est là pour en découdre ... Pas pour se laisser rosser ..."
Les 5 hommes fermèrent leur clapet et vinrent se mettre en position autours de moi.
"Messieurs, tous les coups sont permis donc, à volonté !"
Je n'en attendais pas moins ... et eux non plus, ce qui fut leur perte ...
Le téléki me bloqua derechef comme la veille, et Aquaman et Pyroman engagèrent leurs boules d'éléments et me balancèrent la sauce en même temps que Mister Pic.
La veille, j'aurais pris ça de plein fouet, mais aujourd'hui, même si les forces télékinétiques m'empêchaient encore de bouger, l'eau, le feu et les trucs pointus me traversèrent pour aller frapper le mur en face, ou mieux, le gars de l'autre côté.
Le téléporteur prit une colonne d'eau en pleine tête et s'écroula contre la paroi derrière lui. 1 de moins ...
L'effet de surprise ne serait que de courte durée et je devais m'activer.
Je glissais donc hors du champ de forces du téléki et courus droit sur lui pour lui en coller une bien serrée dans la face.
2 - 0 pour Targ !
Je m'étais dématérialisé à nouveau juste à temps pour voir me traverser et s'écraser sur le mur face à moi une germe d'eau mêlée de feu.
Je fonçais alors sur le Gerbeur, (Aquaman quoi!), qui sorti sa dague et son épée et me balança un coup d'estoc que je parais alors qu'un sourire de mauvais augures se dessinait sur son visage.
Il refit le même mouvement tout en me balançant une gerbe de flotte (d'où Gerbeur).
Mes dagues croisées arrêtèrent son épée et sa colonne d'eau me traversa, effaçant du même coup son sourire narquois et le laissant pantois suffisamment de temps pour que je l'assomme proprement, la force de uppercut décuplée par la poignée de la dague que je tenais.
Il fit un demi salto arrière et ne se releva pas.
3 - 0 pour moi !
Point de temps pour lambiner ni de savourer cependant, le sifflement d'une épine de Mister Pic m'en empêchait ainsi que le grésillement caractéristique d'une boule de flammes.
Je décidais de garder le flambeur pour le dessert et me ruais sur le hérisson en prenant soin de me retrouver juste entre les 2.
Ce qui devait arriver, arriva, Mister Pic m'envoya une volée de sa production qui bien sûr me traversa et j'entendis le bruit caractéristique de la chair transpercée derrière moi suivi d'une bordée de jurons.
Encore une fois, la surprise et la confusion furent mes alliés et mon adversaire s'écroula terrassé.
4 - 0, plus qu'un  !
Restait Mister Zippo (désolé pour la pub), qui était déjà mal parti vu que des pics de son camarade dépassaient de son bras et sa jambe gauche.
Grimaçant de douleur, il essaya une fois de plus la technique du lance flammes et succomba à un coup bien ajusté sur le haut du crâne.
5 - 0 le match est fini !
Diuke, battant lentement des mains, applaudissait de bon coeur alors que mes premières victimes reprenaient connaissance, et du fond de la salle montait une véritable ovation mêlée de "Viva!" tonitruants.
La petite équipe de rats de bibliothèque qui avaient contribué à ma victoire avait été amenée en douce par Gus et manifestait bruyamment sa joie.
Je leur fis un salut théâtral en réponse et reportais mon attention sur mon dernier adversaire potentiel, Diuke lui même.
"Tu t'es bien débrouillé et tu su prendre les leçons de tes défaites".
"Je pense que cette partie de ta formation est terminée, une autre commence dès la première heure demain"
"Jusqu'à ton départ, tous les coups seront permis, pas de trêve, pas de refuge, ..."
"La seule façon d'obtenir un répit sera pour toi d'aller toucher la pierre dressée au bout du parc de l'Institut, cela te donnera 2 heures, pas une minute de plus ..."
Il fit une pause et regarda ses hommes.
"En attendant, je ne serais pas contre un coup de main pour emporter ceux là à l'infirmerie, si tu le veux bien".
Il ne fallut faire qu'un voyage pour les y conduire, car mes supporteurs donnèrent la main bien volontiers ...